Japon, terre de coeur et de roman pour la Lambersartoise Marie Christine Collard
jeudi 14.01.2010, 05:04 - La Voix du Nord
En trois séjours, Marie Christine Collard compte déjà huit années passées au Japon. De ses expériences, la Lambersartoise a tiré un roman, Fugu. Diplômée en Sciences de l'Education et formatrice à l'IUFM, mariée à un chercheur du CNRS expatrié à Tokyo, elle excelle à décrire les ruelles et les échoppes de la capitale nippone, mais aussi les méandres psychologiques de ses personnages.
Pour sa première publication, elle s'est inspirée d'un faits divers survenu au Japon. Un homme avait poussé sa maîtresse à assassiner sa femme. La quadragénaire nordiste s'est demandée comment on pouvait manipuler à ce point un être humain. Son héroïne verse dans une spirale de dépendance très convaincante. D'autant qu'elle a adapté les faits : la maîtresse est une Française, le pousse-au- crime, un Eurasien.
La Lambersartoise s'évite ainsi de décrire ce qu'elle ne peut deviner de l'âme japonaise. Si elle parle la langue et s'est fait de multiples amis, certains aspects de la société nippone lui restent mystérieux. Dont, précisément les relations conjugales. « J'ai l'impression de vies très distinctes , note-t-elle. Le mari part travailler très tôt le matin et rentre tard le soir. La femme s'arrête de travailler dès qu'elle a un enfant, c'est considéré comme normal. Il y a très peu de places en crèche, pas de nourrices. Les femmes s'organisent entre elles. Quand les enfants sont grands, elles se cultivent. Elles ont une vie bien plus enrichissante, culturellement et socialement, que leurs maris. » Pour Marie Christine Collard, les différences culturelles entre la France et le Japon sont profondes. « Les Japonais ont un immense respect des autres. Ils ont l'air froid, on ne sait pas tellement ce qu'ils pensent. Ils sont très patients, très maîtres d'eux-mêmes. Pour eux, extérioriser ses sentiments, c'est une attitude infantile. » « Très codifiée », la société nippone est aussi adepte d'une cuisine subtile et empreinte de sérénité malgré le rythme trépidant de la ville. Elle ne souffre pas du vol, ce qui, pour la Nordiste, est lié à la religion, autre différence profonde.
Tous ces aspects figurent dans Fugu, dont certains ingrédients romanesques sont par trop visibles au départ, mais dont la saveur ne cesse de croître au fil des pages. Son poison est habilement répandu en nous, jusqu'à une issue aiguë et juste.
CHRISTIAN FURLING
« Fugu » (du nom du poisson à la chair délicate, qu'il faut trancher avec précision, au risque de percer la poche de poison qu'il contient), éd. L'Harmattan, 304 pages. 24 E.